Etre ou ne pas etre
B-La moustache escamoté. a- impasse et issues.
Dans la séquence , 3 espaces se succèdent symbolisant chacun un niveau de réalité différent , révélant une sorte d'introspection du personnage permettant a chaque fois un nouveau rebondissement. Le bureau est occupé par les nazis, lieu de représentation du pouvoir, ou Tura est pris au piège, encadré dès son entrée par les corps des soldats qui délimitent le cadre : la scène est sous leur contrôle, écrite par eux, chacun est a sa place. Mais celle-ci se déplace avec Tura dans l'antichambre, ou l'acteur est aux prises avec la mort. Il comprend qu'il est piégé, la réalité s'invite de façon brutale sous la forme du cadavre, qui préfigure le devenir imminent de son propre corps. Alors s'ouvre derrière lui la salle de bain, lui prosaïque de l'intimité du corps ou il découvre une échappatoire dans le geste trivial du rasage . Tura défait la mise en scène d'Ehrhadt en remontant a l'essence des élèments qui la composent afin de rejouer la scène selon son propre scénario : il replie la représentation sur elle-même. Ansi va t'on revenir dans le bureau et reprendre l'entrée ratée dans l'antichambre , mais cette fois les tortionnaires sont les spectateurs, encadrent Tura qui leur fait face, et attendant le lever du rideau : le spectacle est assuré par le comédien, devenu un metteur en scène qui dirige son public, comme Lubitsh dirige le sien.
2-Les portes, permettant physiquement le passage d'une pièce a une autre, occupent un rôle central dans cette construction a double fond, qui cache toujours le monde derriere la scène. C'est autour des portes que s'articule l'espace filmique, Lubitsh les utilisant comme points nodaux du montage, révélant toujours un extension a un espace que l'on croyait clos et qui a donc toujours plus a nous montrer dans le hors-champs. Ainsi, dans la séquence, chaque espace apparaît comme n piège qui révèle a chaque fois une porte qui ne nous avait pas ete montrée