Exposé litté jeunesse
Jean-François MENARD
EXTRAIT
Une jeune femme vêtue d’une robe formée de morceaux d’étoffe de toutes les couleurs et coiffée d’un grand chapeau de paille orné de fleurs avait surgi du parapluie. Elle était très belle, avec des traits délicats, un regard bleu et brillant et une peau dorée comme si elle revenait de vacances.
– Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites ici ? s’exclama Jonathan, le cœur battant à tout rompre.
La choucroute tremblait entre ses mains.
– Il faudrait savoir ce que tu veux ! répliqua la jeune femme avec colère. C’est toi qui m’a appelée.
– Je n’ai appelé personne !
– Ça fait cinq minutes que tu t’égosilles à crier « Ittitôl ! Ittitôl ! » Ittitôl, c’est mon nom. Tu as de la chance, je passais dans le quartier. Alors, qu’est-ce que tu me veux ?
– Chut ! Parlez moins fort, mes parents vont vous entendre ! Comment avez-vous fait pour entrer ? Qu’est-ce que c’est ce parapluie ?
– Oui, je sais, il n’est pas très beau mais il marche très bien. Jamais eu d’ennuis avec lui. Pourtant, j’en fais, des kilomètres… Il hoquette un peu parfois lorsque le temps est très humide, c’est tout.
– Vous… vous voyagez en parapluie ? bredouilla Jonathan. Comment vous faites pour tenir là-dedans ?
– Pourquoi m’as-tu appelée ? demanda la jeune femme sans répondre sa question. Tu as quelque chose à me faire manger ?
– À vous faire manger ? répéta Jonathan, abasourdi.
– Quand on m’appelle, c’est pour me donner à manger. Je suis Ittitôl, la sorcière Mangetout. Je mange, je mange, je n’arrête pas de manger.
Jonathan la contempla d’un air incrédule. Elle paraissait très mince pour quelqu’un qui mange sans cesse, beaucoup plus mince que sa mère qui essayait tout le temps de se mettre au régime.
– Et vous mangez vraiment tout ? demanda-t-il en se relevant péniblement.
– Absolument tout, même ce qui est immangeable.
– Même de la choucroute ?
– De la choucroute, de la cervelle, des rognons, de la tête de veau, de la