Fiche de lecture qu'est-ce qu'un français ? de patrick weil
Benjamin MINE
En s’intéressant à ce qui est dit à propos des « sectes » en France, A. Esquerre interroge avec finesse les lieux communs qui sévissent habituellement dans le débat, et postule l’essor d’un dispositif de pouvoir étatique ayant pour objet et pour cible le psychisme des individus. Il ressort de son analyse que l’accusation de « manipulation mentale » occulte la complexité et la singularité de la situation visée. Recensé : Arnaud Esquerre, La manipulation mentale. Sociologie des sectes en France, Paris, Fayard, 376 p.
Dans cet ouvrage consacré à la manipulation mentale, Arnaud Esquerre livre une analyse originale de la lutte contre les « sectes » en France au travers de laquelle il postule l’essor d’un dispositif de pouvoir étatique ayant pour objet et pour cible le psychisme des individus. Un dispositif qui n’est pas neuf ni propre à l’Hexagone mais dont l’agencement particulier est susceptible d’affecter profondément la société et les individus en raison de la (dé-)valorisation qu'il opère parmi les groupements, les modes de vie, les pratiques, etc. Soucieux de privilégier une approche plurielle de son terrain de recherche, l’auteur entreprend l’étude minutieuse d’une multiplicité de microconfigurations sociales relatives à la « question sectaire » – autant de cas constitutifs de points de vue particuliers. Adoptant la posture du narrateur, il analyse ces différents cas au travers de récits où il relate ce qui est dit, en prenant soin à chaque fois de distinguer celui qui parle, la position depuis laquelle il parle ainsi que les circonstances dans lesquelles il parle. Leur analyse comparative fait ainsi apparaître « des singularités et des récurrences de relations et d’actions humaines » (p. 14) qui deviennent pertinentes sur le plan théorique. Par cette stratégie de recherche résolument inductive, empreinte des présupposés épistémologiques du « relationnisme méthodologique »1, les différents cas étudiés