Folie disqualification et réhabilitation
Avec l’avènement du rationalisme moderne et la naissance de la psychiatrie, le fou devient un objet d’investigation, la folie un objet de science. Ce qui était au Moyen-âge le reprouvé de Dieu devient une sorte d’enfant sous tutelle asservi au regard savant du médecin. Edgar Morin, résume parfaitement le traitement de la folie qui a pu être fait à l’époque moderne et son renversement à l’époque contemporaine : « Le rationaliste humaniste, qui triomphe et expire dans l'ethnologie de Lucien Lévy-Bruhl, a voulu rejeter aux origines, comme débilité infantile, le délire de sapiens; puis le néo-ethnologisme, admirant au contraire la merveilleuse sagesse de l'homme archaïque, a rabattu la folie sur l'homme contemporain, conçu comme un misérable déviant. Alors que l'une et l'autre ont leur sapience et leur démence ».
Dans la modernité, si la raison est « normative », si elle définit un ordre du raisonnable et qu’en même temps elle devient le fondement d’une culture, la culture occidentale, elle est à même de poser ce qui est « humain » et de rejeter dans l’inhumain ce qui n’entre pas dans ses normes. Au fond toutes les autres formes de culture. Mais justement, de ce point de vue, la folie n’existe que dans une société et par rapport elle, elle n’est qu’un fait de culture.
C’est contre cela que la Post-modernité va s’ériger, contre la raison comme norme sociale tyrannique dont