Francais
Lecture analytique
« Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêve le miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? » Baudelaire Lettre à Arsène Houssaye.
En 1862, Baudelaire a conscience qu’il a atteint les limites du vers et qu’il a besoin d’une forme nouvelle plus adaptée à la « modernité ». Le Spleen de Paris va alors traduire un sentiment d’affranchissement. « Un Hémisphère dans une chevelure », texte de Baudelaire publié en 1862 dans Le Spleen de Paris, est la réécriture en prose d’un poème versifié, « La Chevelure », qui apparaît dans la section « Spleen et idéal » des Fleurs du mal (1857).
On trouve dans ces deux poèmes des échos à la vie du poète. Charles Baudelaire (1821-1867) est parisien d’origine mais a séjourné pendant sa jeunesse à l’île Maurice, puis à l’île Bourbon (actuelle Réunion). Le thème de l’évasion et les souvenirs tropicaux du poème trouvent ainsi une explication. Par ailleurs, les poèmes « La Chevelure » et « Un Hémisphère dans une chevelure » font partie des textes inspirés par Jeanne Duval, une actrice de Boulevard sensuelle et fantasque avec laquelle le poète a entretenu une liaison orageuse pendant 23 ans. Cette femme était métisse et Baudelaire la surnommait, en raison de sa peau brune, « la Vénus noire ». La lourde chevelure noire célébrée dans les deux textes est celle de Jeanne Duval. Dans « Un hémisphère dans une chevelure », Baudelaire réexploite les thèmes de son 1er poème : le parfum, les sensations, le port, l’océan, l’ivresse sensuelle, le goût,… Il utilise la synesthésie, ce qu’il nomme des « correspondances » entre les parfums, les couleurs et les sons, comme le moyen d’accéder à la rêverie, à la douce nostalgie, aux sensations.
Nous verrons dans quelle