Histoire de la langue francaise
DATE : JUNE, 1E 2014
PROFESSEUR : RUTH JULIEN
FRANCE
LA LANGUE FRANÇAISE
Pour rendre compte de l'évolution d'une langue, le linguiste distingue traditionnellement deux sortes de facteurs : des facteurs internes, c'est-à-dire des mécanismes de changements proprement linguistiques, dus aux modifications et au réaménagement des systèmes, et des facteurs externes, à savoir les modifications de la société, des techniques, etc., ainsi que les événements historiques. Ces causes non linguistiques ont sur le lexique une action nettement discernable, mais il est impossible de mettre directement en rapport avec un fait historique un fait de syntaxe quel qu'il soit. On peut seulement affirmer que les périodes de faiblesse politique et de désordre social accélèrent l'évolution d'une langue, tandis qu'un pouvoir fort et la centralisation ont tendance à la fixer. D'autre part, les changements linguistiques sont très lents, beaucoup plus lents que les changements sociaux ; aussi n'est-il pas rare de voir certaines évolutions freinées ou stoppées par l'apparition de nouveaux facteurs externes avant d'être arrivées à leur terme. Cet enchevêtrement des causes rend délicate l'interprétation de leurs effets.
Les études d'histoire linguistique ont ensuite connu une désaffection et l'histoire de la langue a été totalement abandonnée, du moins sous la forme de synthèses que lui avaient donnée ses créateurs. La raison principale en est la domination, dans les sciences humaines, des théories structuralistes, bien que leur incompatibilité avec l'histoire vienne plutôt de prémisses mal posées que de questions de fond. D'ailleurs la linguistique historique dans sa dimension temporelle, diachronique, n'a jamais cessé d'être pratiquée (il y a un structuralisme diachronique). C'est la dimension sociale de l'histoire qui s'est trouvée évacuée par la prééminence accordée aux descriptions synchroniques des structures, c'est-à-dire aux permanences, aux invariants.