Incipit des faux monnayeurs, gide
INTRODUCTION
Les Faux-Monnayeurs est le titre d’un roman écrit par André Gide en 1925. L’auteur dira de cette œuvre que c’est le seul roman qu’il ait jamais écrit. Ce roman est considéré comme l’un des plus importants du XXème siècle, précurseur du mouvement littéraire Le Nouveau Roman.
Construit avec minutie, ce roman multiplie les personnages, points de vue narratifs et intrigues secondaires. Cette complexité est accentuée par une mise en abyme qui interroge sans cesse le genre romanesque.
Le roman s’ouvre sur un des personnages principaux, Bernard, qui découvre sa bâtardise lors de la lecture de lettres de l’amant de sa mère. Nous allons analyser l’originalité de cette ouverture en montrant que cet incipit est à la fois traditionnel et suspect puis nous aborderons le programme de lecture qu’elle sous-entend.
I – Un début de roman traditionnel
Par certains aspects : - Cadre spatio-temporel réaliste. (appartement bourgeois « corridor » ; trois meubles « console », « pendule », « candélabres de cristal ») (début du mois de juin : Bernard prépare ses examens) - Informations sur le personnage, nom et prénom : « Bernard Profitendieu », milieu social, univers familial « frère », « sœur », « mère »… âge : il passe le bachot. Occupation : il révise, c’est un lycéen. On n’a pas de description physique mais son caractère nous est donné à travers ses réactions : il est curieux (il a fouillé dans le tiroir en réparant une pendule) ; il est méticuleux (il réorganise tout) ; il est perspicace (déductions) ; il est déterminé (mode impératif utilisé) ; il est mature (« Ne pas savoir […] de lui ressembler »). Intellectualisation de sa situation par de nombreuses questions et tournures impersonnels, infinitif (« Ne pas savoir ») pronom « ça », présent de vérité générale. - L’incipit coïncide avec le début de l’action, le lecteur est plongé dans l’intrigue in medias res. L’œuvre