JLC Le désir
JEAN-LOUIS CHEVREAU – CONFERENCES INSTITUT MUNICIPAL
OCTOBRE NOVEMBRE 2008
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LE DESIR
La notion de désir traverse toute la philosophie, de Platon à Deleuze en passant par Spinoza. C’est une notion considérée par la philosophie classique, comme faisant problème, étant dans sa nature même contradictoire. Le désir est à la fois recherche de satisfaction, mais il est aussi insatisfaction et souffrance. Autant le besoin a une nature impétueuse mais limitée, autant le désir semble insaisissable et illimité. Ainsi serionsnous condamnés aux tumultes de nos désirs, et donc incapables d’atteindre le bonheur.
C’est la raison pour laquelle les deux grandes écoles de la sagesse antique ont élaboré une morale ou une manière de vivre, capable de régler nos désirs. Platon saisit bien cette nature ambiguë du désir, entre dénuement et plénitude, et fait du désir l’élan de toute recherche dont est issue la philosophie elle-même, comme amour de la sagesse.
Cependant, le désir ne peut-il être pensé, qu’en termes de négativité et de manque ? Spinoza va tout au contraire considérer le désir comme producteur de valeur, ce que Deleuze reprendra, en soulignant le caractère ingénieux et industrieux du désir.
La psychanalyse ouvrira aussi de nouvelles perspectives et Freud en articulant désir et interdit, figure le désir comme producteur de fantasmes. Le désir désire moins l’objet de son désir que le fantasme inconscient de celui-ci. En fait le désir n’est-il pas au fond, que désir de désir ?
Nous verrons comment pour Lacan ce désir est désir de l’autre, ou un désir mimétique selon René Girard.
Baudrillard trouvera dans le mouvement du désir, la machine à consommer, puisque dans le désir de consommation ce que nous désirons, c’est la consommation elle-même. Enfin, ne peut-on pas voir dans le capitalisme, sous sa forme mondialisée, la grande libération de la puissance du désir humain universel ? Toutefois, ne peut-on pas espérer une autre puissance du désir, que celle proposée