Kafka Tamura a 15 ans. Ce livre s'ouvre sur son dialogue avec "le Garçon nommé Corbeau". Alter ego imaginaire, courageux, qui lui prodigue ses conseils et le pousse à devenir "le garçon le plus endurci du monde". Alter ego peut-être mais surtout autre facette de lui-même car Corbeau, c'est la signification de Kafka, en tchèque. Le prénom de Kafka, que le jeune garçon s'est choisi lui-même, est un hommage à l'auteur : Kafka a lu tout Kafka. L'hommage est doublé d'une référence à l'œuvre. Kafka l'auteur imprégna ses écrit du thème du complexe d'Œdipe. Kafka le personnage plie sous le poids de cette prophétie oedipienne faite par son père : il le tuera puis couchera avec sa mère et sa sœur. Mais celles-ci sont parties alors qu'il était tout jeune, le laissant seul avec son père. Alors Kafka les retrouve dans chaque femme, chaque fille qu'il rencontre. Comme condamné à l'inceste. Pour fuir au moins le meurtre de son père, et puis surtout pour grandir, devenir adulte, Kafka s'enfuit. Kafka sur le rivage est donc un roman d'apprentissage pétri de tragédie grecque, car Murakami, tout Japonais qu'il est, l'a étudiée à l'université et, qui plus est, est passionné par les auteurs américains tels Scott Fitzgerald, John Updike qui ont donné ses lettres de noblesse à un certain roman d'apprentissage. Et l'apprentissage est chose complexe, ici plus spirituelle que matérielle, mais Kafka n'est pas le seul à en faire l'expérience.
Nakata a 60 ans. Il ne sait ni lire, ni écrire. A la suite d'un incident survenu lors de la Seconde Guerre mondiale (tous les enfants de sa classe se sont évanouis durant quelques minutes mais lui seul a mis plusieurs mois à se réveiller), il a oublié comment lire, écrire et penser comme les autres. Il vit à présent de l'assistance publique après qu'un cousin à lui, profitant de sa naïveté, a perdu toute sa retraite dans les affaires. Alors certes, Nakata n'a ni argent, ni amis mais peu lui importe, car le personnage est