Comment éviter le dogmatisme et le scepticisme ?
Le projet critique est né d’un sentiment de mécontentement à l’égard de la philosophie : alors que les sciences de la nature se sont déjà engagées avec assurance dans la voie du progrès, la philosophie, considérée comme science de la sagesse reste encore à inventer, elle « n’est que la simple idée d’une science possible qui n’est donnée nulle part in concreto ». D’ailleurs et compte tenu des faits, c’est-à-dire au travail des différentes écoles philosophiques, nous pouvons dire que cette situation n’est pas prête à changer. En effet, « ce que l’un construit, l’autre le démolit ». La philosophie semble se complaire dans le statut d’une discipline inutile, elle s’acharne à reproduire le vieil appareil scolastique en l’habillant à chaque fois d’un déguisement neuf. Le savoir de la philosophie ne dépasse jamais le savoir de ce qu’a été la philosophie. Une érudition signe d’une indifférence au destin historique de la pensée.
Une question s’impose : le philosophe est-il destiné à être le moins utile des travailleurs, un rêveur inconscient qui prend les mots pour les choses elles-mêmes ?
La pratique de la métaphysique voue la philosophie à la stérilité. Le véritable obstacle épistémologique devant la constitution d’une discipline philosophique sérieuse est interne, il réside dans l’attitude des philosophes eux-mêmes. Comment aider les philosophes à prendre conscience de l’absence de fécondité de leur pratique?
La préface à la deuxième édition de la Critique de la raison pure désigne une cause majeure qui fait que la philosophie ne soit pas encore entrée dans la voie de la scientificité : l’absence de progressivité.
Scientificité et progrès (premier texte)
Dans la préface de la seconde édition de la première critique , les progrès des mathématiques et de la physique permettent de mesurer les risques de stérilité qui menacent la philosophie. Kant y décrit une série d’illuminations, une suite d’évènements