Karl Strauss et la modernité
En effet l’aboutissement de ce régime dépend des natures du territoire ou du peuple en question dont les qualités ne conviennent que rarement à l’établissement du meilleur régime chez Platon, alors que pour Machiavel « c’est du mode de vie réel des hommes qu’on doit partir » il faut donc abaisser l’objectif final. La conséquence de cette proposition pour Léo Strauss est la ré-interprétation du rôle de la moralité dans la vie politique : la vie politique à proprement parler n’est pas dépendante de la moralité puisque la moralité n’est pas possible en dehors de la société politique. Le problème de dépendance de l’établissement du meilleur régime au hasard peut donc être surmonté car le problème politique fondamental devient celui d’une « bonne organisation de l’Etat, ce dont l’homme est assurément capable » …afficher plus de contenu…
En effet pour Strauss la recherche de « ce qui est juste par nature entre en conflit avec ce qui est considéré comme juste par convention ». Le vrai s’oppose donc à l’opinion (la « doxa » selon la philosophie classique) même dans une société traditionnelle. Le philosophe est alors suspect car il remet en cause le bien-fondé des opinions, des doxa et bouleverse en permanence le fondement des sociétés. Pour lui, même « un gouvernement des gentilshommes » serait sans cesse remis en cause par les philosophes. Pour lui « entre le philosophe et le non-philosophe il ne peut y avoir de délibérations véritablement communes » Le conservatisme philosophique de Strauss est donc paradoxal : d’une part, il consiste à exiger la préservation d’une différence sociale sur la base de l’idée philosophique classique selon laquelle un genre de vie est supérieur à un autre mais