Kundera : risibles amours, analyse d'un extrait
I. - Situation du passage
a) dans le siècle (historico-littéraire)
Risibles amours est conçu dans un contexte de guerre froide, marqué par l’affrontement des idéologies (bloc de l’ouest vs bloc de l’est). Kundera est un intellectuel particulièrement sensible aux apories du communisme (du point de vue politique, du moins). D’où une tonalité critique, désabusée (voire ironique, ou cynique), où l’idéal est une des formes contournées, fabriquées, de son propre désenchantement.
Ce « désenchantement » contemporain est un des héritages « édulcoré » d’un des thèmes clés qui a traversé la littérature du XXe siècle : l’absurde. L’absurde ne devient plus une forme du vécu que l’on explore pathologiquement (Kafka), il ne devient plus la condition d’une philosophie des valeurs, de la lutte, de la résistance (l’existentialisme), mais il est désigné comme une fin en soi, qui ne prête plus qu’à « rire » (en référence au « risible » du titre). On est plus dans l’acceptation (avec une réelle « tendresse », parfois) que dans le « désespoir engagé » (même « comique », comme on le trouve parfois dans le théâtre de l’absurde).
b) dans un mouvement littéraire
On peut remarquer tout le procédé de « démythification » à l’œuvre dans Risibles amours (RA) : c’est le propre de l’esthétique postmoderne que de procéder ainsi à une relecture « désenchantée » des mythes littéraires de l’occident (ici, clairement, celui de Dom Juan … que La pomme d’or exploite par le biais des deux figures emblématique Martin-Dom Juan et le narrateur-laquais …). Dans le cadre du jeu sur l’intertextualité, on peut se référer au titre « pseudo-biblique » (la pomme de l’interdit biblique, se double du mythe « Pâris », cf. votre mythologie préférée …).
c) dans la bio-bibliographie de l’auteur
Les nouvelles sont conçues en Tch., dans les années 58-68, marquées par la domination communiste. Kundera est