Jean de La Bruyère, Les Caractères Chapitre V, « De la société et de la conversation», 7 (1688) (portrait intégral) Intro La Bruyère fait partie des Anciens. Il s'inspire de Théophraste de qui il traduit ses Caractères. Moraliste, il ne développe pas une esthétique relative à l'écriture mais par rapport à la société et à la conversation. Ce caractère s'adresse à tous les Honnêtes Hommes et s'inscrit dans une polémique du XVIIè siècle : le combat contre les Précieux (à l'instar de Molière) et notamment contre la langue précieuse. I/ Un faux dialogue et une dénonciation première L'apparence d'un vrai dialogue – On peut relever les éléments caractéristiques du dialogue : guillemets, tirets, deux interlocuteurs (« je » et « vous »), un jeu de questions réponses ( « répondez-vous », « Que dites vous ? »...). – Deux interlocuteurs en apparence : le premier est le destinataire, représenté par « vous » et identifié par le prénom Acis. Il est unique et omniprésent (on compte une vingtaine de « vous ») —> signe que le caractère se porte essentiellement sur lui. Il est d'ailleurs interpellé, présenté en actions, en train de parler notamment dans la micro scénette finale. Le deuxième interlocuteur est le « je » qui avant tout pose des questions à Acis (de façon directe ou pas) mais rapporte aussi ses réponses, parfois de façon déformée. Mais le locuteur est aussi présent sous un autre plan : il met en scène une situation (au présent de narration) avec un discours plus ou moins injonctif (« vous abordez »...) => il s'agit du discours du moraliste qui interpelle le lecteur au même titre qu'Acis. (questions et réponses ont alors disparu) Un faux dialogue – En fait, la réalité est différente car le narrateur est finalement l'unique interlocuteur d'un dialogue fictif : entre guillemets ne sont pas les réponses réelles d'Acis mais celles conseillées par La Bruyère (« Que ne disiez-vous pas... »). Les réponses sont alors reformulées ou narrativisées (pas entre guillemets) : le