La culture
■ Le terme «culture» est ambigu: au sens ordinaire (et scolaire), il désigne l’acquisition de connaissances portant sur les arts, la littérature, la musique, etc.,ou les lieux où peuvent s’acquérir et se développer de telles connaissances – musées, bibliothèques, salles de cinéma ou de concert. C’est cette signification qui justifie par exemple l’existence d’un Ministère de la Culture. le mot«culture» a un sens beaucoup plus vaste: il englobe toutes les activités humaines qui s’écartent des déterminismes simplement naturels.
Dans cette optique, la culture prend son essor dès que l’être humain entreprend un acte qui ne lui est pas imposé par les lois naturelles, qu’il s’agisse de l’aménagement initial de son habitat,du mode de cuisson de ses aliments,de ses parures ou de ses manières de s’asseoir.
Pour distinguer le déterminisme à l’oeuvre dans la nature de ce à quoi nous habitue la culture dont nous faisons partie,on oppose les lois de la nature et les règles de la culture: les lois sont universelles, les règles sont relatives à une culture (mais elles peuvent être partagées par plusieurs). Il est cependant peu vraisemblable qu’une telle notion de lois naturelles se manifeste dans la conscience première de l’homme, qui perçoit plutôt, dans la nature, le déferlement d’une violence ou la présence permanente d’un chaos incontrôlable, contre laquelle les différents interdits mettent en place un ordre: à la nature,d’abord synonyme de désordre latent et toujours menaçant, s’oppose l’ordre de la culture.
■ Mais l’interdit fait aussi courir à un groupe restreint le risque de ne pouvoir se reproduire biologiquement: ainsi se formerait,chez l’homme seul, la conscience de la mort, s’accompagnant de rituels variés
(enfouissement, exposition au soleil, momification ou pratiques anthropophagiques qui, loin d’être des indices de « barbarie » initiale, sont à considérer au contraire comme éminemment culturelles) ayant