La force du droit
En tant qu’idéal moral, le droit est une métaphore géométrique : droit s’oppose à courbe, et cette notion de droit n’est soumise à aucune relativité. Autrement dit, ce qui est droit ou juste c’est ce qui se base sur une loi universelle dotée de la nécessité rationnelle. En ce sens, cette forme de droit rejoint l’idée du droit naturel, pleinement légitime et qui se distingue du droit positif, simplement caractérisé par la légalité. Ainsi, c’est au nom du droit naturel qu’Antigone répond au roi Créon : «J’ai désobéi à la loi car ce n’était pas Zeus qui l’avait proclamée, ce n’était pas la Justice.» (Antigone, Sophocle).
La forme légitime du droit, autrement dit le droit naturel, est donc intimement liée à la notion de justice comme norme du droit, garantissant la pérennité de valeurs fondamentales (Liberté, Egalité) qui doivent être respectées. Mais le concept de justice peut-être envisagé du point de vue du droit positif c’est-à-dire comme institution judiciaire.
Comment rapprocher ces deux notions de justice - et donc au fond droit naturel et droit positif - au concept de force ? Si l'on prend "force" comme "force d'oppression", alors la force est caractérisée par les rapports de domination et de servitude, mais aussi d’obéissance et de contrainte. Autrement dit cette force est effective seulement lorsque la contrainte est là alors que le droit relève d’une obligation morale intemporelle.
Ainsi à première vue associer force et droit révèle l’antagonisme de ces deux concepts. Plus encore, il semble bien que la force envisagée comme violence est totalement dénuée de raison, incapable d’être juste. A l’inverse le droit naturel rencontre parfois des difficultés à faire respecter la justice. La première question, nécessaire, est alors la suivante : La force du droit coïncide-t-elle d’une manière ou d’une autre avec le droit du fort ?
Cet enjeu est l’élément déclencheur de plusieurs questions essentielles: la force du droit implique-t-elle