Raconter "l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire" ne s'accomplit pas sur un coup de tête. Le choix de cette phrase comme sous-titre accompagnant la dénomination globale "Les Rougon-Macquart" peut en témoigner, puisqu'il évoque tous les thèmes qui seront traités dans les 20 romans du cycle. Chaque nom et adjectif se rapporte à un aspect de l'œuvre dans son ensemble, encore que l'on puisse volontiers trouver que, par exemple, le critère social prend le pas sur le naturel dans certains livres, et vice-versa. Mais en gros, le sous-titre est éloquent. "L'histoire" indique déjà le plus évident, à savoir qu'il s'agira de romans, et non de récits historiques et scientifiques directs. "Famille" n'est pas non plus la notion la plus complexe, du moins en apparence... Car Zola a démarré par là dès 1869, avant que le premier roman ne soit paru, et avant même que le Second Empire ne se soit écroulé à Sedan. En composant son arbre généalogique sur quatre générations, qu'il révisera un peu au fil du temps (il faudra attendre Le Docteur Pascal, 20ème et dernier roman du cycle pour le voir sous sa forme définitive), il trace également son plan, chaque individu reflétant un trait de caractère particulier qui devra s'affirmer en fonction des circonstances dans lesquelles l'auteur les placera. Ce qui nous amène aux mots '"naturelle" et "sociale". Le premier reflète l'intérêt de Zola pour la science de son époque, notamment l'étude de l'hérédité. S'appuyant sur les théories en vogue à la fin du XIXème siècle, et plus particulièrement sur les travaux du docteur Bernard, l'auteur se place dors et déjà sur le créneau du naturalisme, approfondissant l'exemple littéraire de Balzac. Dans son arbre généalogique descriptif, autant que dans La Fortune des Rougon, cette introduction aux Rougon-Macquart, Zola utilise et définit des termes aujourd'hui désuets, du style "mélange soudure", "mélange fusion", "mélange dissémination", "élection", "innéité", qui sont censés