La poesie, ecriture de soi pour soi
I-Du fait de l’origine de la poésie, lyrique, (l’épos homérique, épique, mis à part), on peut penser que le poète écrit pour lui, exprimant donc ses sentiments, ce qui se confirme par une multitude d’œuvres à travers les siècles, du Moyen-Age à l’époque contemporaine. L’écriture poétique peut ainsi paraître jouer le rôle d’un journal, de mémoires.
§1-Le poète ressent le besoin d’exprimer l’indicible, en particulier celui qui naît de sa souffrance. à le deuil (Hugo : « Demain dès l’aube »), victime de l’incompréhension, des moqueries (Baudelaire : « L’albatros »), la nostalgie, le mal du pays (Du Bellay : « Heureux qui… »), le mal de vivre, la vague à l’âme (Baudelaire : « Spleen »)…
§2-L’écriture est aussi une aide qui lui permet de retenir, revivre ou atteindre le bonheur. à revivre le bonheur familial (Hugo : « Mes deux filles »), revivre l’amour (Ronsard : « Mignonne… », Lamartine « Le lac »), rêver, créer l’Idéal (Baudelaire : « Parfum exotique », « La mort des amants ») ; le bonheur naît aussi de l’attention extrême portée à la nature, à ce qui nous entoure, ce qui transfigure notre environnement (Baudelaire : « Le port », « Elévation », Hugo : « Eclaircie ») II-Mais est-ce pour autant une écriture égoïste, égocentrique ? Pour le poète, le lecteur est son « semblable », son « frère » (Baudelaire) ; tous les sentiments les états d’âme, les pensées retranscrits par l’artiste peuvent être ceux de ses lecteurs, au gré des circonstances et, s’il les écrit à partir de son expérience personnelle, il n’en pense pas moins à ceux qui vont le lire.
§1-Le lecteur voit exprimés grâce à l’écriture poétiques ses sentiments les plus intimes. Les poèmes précédemment évoqués ont certes pu servir d’exutoire à leur créateur, mais ils le sont aussi pour les lecteurs. Le mal de vivre, les moments d’abattement, de déception que nous pouvons tous connaître rappellent ceux de Baudelaire ; la souffrance qui se