La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ?
La recherche scientifique n'est pas non plus gratuite. Elle doit répondre à des impératifs d'efficacité. Par exemple, la connaissance du vivant vise à soigner des maladies et à améliorer l'espérance de vie. Si les gouvernements encouragent la recherche médicale, ce n'est pas par amour de la vérité, mais pour diminuer, à terme, les dépenses publiques de santé. De plus, les grandes découvertes médicales sont souvent financées par l'industrie pharmaceutique.
Malgré tout, ces arguments ne semblent pas de nature à exclure totalement la possibilité que l'on puisse cultiver la recherche de la vérité pour elle-même. Ce ne sont pas tant les salaires qui motivent les chercheurs que l'appétit pour la découverte elle-même et la curiosité. Certes, mais ce serait oublier un peu vite que le monde des savants est aussi un univers concurrentiel animé par une lutte pour la reconnaissance et qu'il y a, là encore, des intérêts en jeu, symboliques cette fois (honneur, postérité, nomination…) La recherche de la vérité nécessite de rompre avec l'impératif d'efficacité et avec la logique de l'intérêt.
Cependant, la recherche de la vérité exige d'abandonner le raisonnement en termes de coûts/bénéfices ou d'avantages/inconvénients si l'on souhaite parvenir à la découverte. Autrement dit, il faut mettre entre parenthèses notre rapport pratique et quotidien au monde fondé sur la recherche de l'utilité et de l'efficacité. Aussi, l'intérêt