La spiritualité sans dieu
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La spiritualité sans dieu Le Croire me paraît se situer à un carrefour qui, d'une part, s’enracine dans le concret : cette partie noire du yang – noire parce qu’elle est solide, tangible, évidente, prouvable d’après les critères de nos raisonnements et, d’autre part, cette partie blanche, simple, bordée de transcendance, de beauté, d’art, de couleur et de fleurs : ce qui apparaît malgré tout comme une limite extrême par rapport à la terre, au solide, au sable. Ce sont des forces qui se contrebalancent. Il y a donc d’autres aspects que ceux issus du rationnel : tout cet évanescent, cet intangible, la sensibilité. Même chez les animaux, sans doute dans une moindre mesure qu’en nous, on observe avec réticences une sensibilité. C’est dans le sensible, précisément, que se situe la frontière : s’il y a des sens qui réagissent, est-ce que ce sont des sens qui, aussi, réfléchissent ? Probablement chez les animaux, mais autrement, je suppose, que chez les humains. Le Croire est à la limite de ces deux perceptions, comme un confluent des cours d’eau indispensables à la vie. Il y a dans le vivre, dans la matière comme un support, un squelette. De même une machine est constituée d’éléments et accomplit une action, une sorte de travail qui est, à son niveau, comme la pensée au niveau de notre corps. Mais une machine ne sera toujours qu’un automate, sans vie. On veut trop ne se fixer que sur les preuves et sur la matière : il est nécessaire de le faire, puisque sans elle nous n’aurions pas le reste : l’au-delà, la transcendance : ce qui arrive à se manifester au-delà du pondérable, l’impondérable – ce qui est inattendu et non pas ce qui va être produit de facto, c'est-à-dire l'"immatériel". Quant à savoir si le caractère de l’expression « immatériel » est une facilité de langage ou la formulation d’une autre réalité, je ne trouve de réponse que dans une comparaison : la parole correspond à un ensemble de sons. Les significations qu’on lui accorde et l’organisation