Désignant à l’origine une « perle de forme irrégulière » (barrocco en portugais), le mot baroque qualifie un style manifestant une invention foisonnante et un raffinement ostensible. Il domine pendant près de deux siècles, accompagnant les principales évolutions religieuses et politiques de 1580 à 1780, dues en parti à la Réforme, en Europe surtout, mais aussi dans le reste du monde. Les peintres baroques diffusent l’image vibrante d’un christianisme ouvert sur le monde et l’infini. La notion envoie plutôt à une esthétique qu’à un mouvement aux règles strictement codifiées. Le Baroque est décrit comme étant la fascination pour le changement, l’instabilité et la mouvance. La frontière entre réel et imaginaire est floue d’où des œuvres marquées par le rêve, la métamorphose, l’illusion.
Par quels moyens les artistes baroques illustrent-ils l’instabilité ? Nous traiterons cette question en généralisant, dans un premier temps, sur le contexte et sur les grands principes du Baroque, puis nous nous concentrerons davantage sur la peinture et sur l’architecture de ce mouvement culturel du XVIIe siècle.

1) Une réaction à l’art de raison de la Renaissance

a) Contexte historique L’assassinat en 1610 d’Henri IV par Ravaillac montre que le fanatisme religieux est toujours prêt à renaître et ouvre une ère de confusion politique. La mort de Louis XIII en 1643, arrivé au pouvoir en 1630, successeur de Richelieu qui a disparu l’année précédente secoue le joug royal. Se met alors en place la régence d’Anne d’Autriche, épouse de Louis XIII, qui fait appel à Mazarin. S’ensuit une période de crise avec la Fronde en 1648 : les bourgeois s’insurgent dans un premier temps contre le pouvoir royal, relayé par le soulèvement des nobles qui entendent restaurer par les armes leur puissance perdue. De plus, cet art est lié à la réaction religieuse de la Réforme catholique. En effet, après les guerres de religion et le concile de Trente, l’Eglise catholique codifie et