Le buffet rimbaud
Les buffets de nos campagnes ont vite perdu leur fonction première de rangement à vaisselle pour aller meubler diverses pièces et devenir des malles à souvenirs. Pour le jeune Rimbaud qui n'a que 16 ans, ces buffets sculptés sont à l'image de leur contenu, des choses qui ne servent plus à rien, de vieux linges jaunis, de vieux vêtements démodés ou usagés. Il s'en dégage encore l'odeur des temps anciens. Ce buffet est comme personnalisé, il a pris par mimétisme l'air bon, la gentillesse et la générosité de ses propriétaires, les deux tantes qui l'hébergent. Rimbaud n'est pas ingrat, il ne vilipende plus les vieux mais a une reconnaissance de circonstance pour ses logeuses. L'air bon est ici accentué par l'adverbe si. Toutes ces choses désormais inutiles sont entassées dans ce buffet comme on garde des souvenirs. Ce qui transparaît c'est l'absence de rangement, c'est un fouillis où les choses sont entassées pèle mêle au fur et à mesure de leur inutilité ou de leur usure. On découvre de vieux fichus, de vieux napperons. Mais c'est aussi, plus profondément caché que doivent se trouver des souvenirs plus personnels, des photos de parents disparus, des mèches de cheveux de défunts. Ce buffet qui regorge de souvenirs contient en fait toute la mémoire des habitants de cette maison conservés sans ordre précis dans cette sorte d'intimité.
Rimbaud se plaît à philosopher sur l'au-delà des choses. Les choses