Le contrat social- rousseau
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Introduction.
Plusieurs facteurs viennent compliquer la lecture du Contrat social. D'abord, de façon un peu paradoxale, l'élégance du style : Rousseau évite au maximum l'aridité technique propre à la langue philosophique ou au vocabulaire juridique, mais l'apparente fluidité de son écriture tend à distraire l'attention du lecteur, et masque une argumentation pleine de subtilité et de rigueur.
De tous les écrits rousseauistes ensuite, le Contrat social est sans doute le texte où l'abstraction théorique atteint son niveau le plus élaboré. Si Rousseau rédige en écrivain, il pense en géomètre, et ses raisonnements atteignent souvent un degré d'abstraction élevé et manifestent une complexité difficile à dénouer.
Enfin le texte du Contrat social met constamment en perspective, les conceptions de nombreux penseurs politiques. Or, la plupart du temps, les références demeurent implicites. Si un lecteur éclairé du XVIIIe siècle pouvait sans trop de peine, saisir les allusions à Hobbes, à Pufendorf, à Grotius ou à Locke, elles échappent la plupart du temps à un lecteur du XXe siècle, d'autant que les textes impliqués sont, de nos jours parfois difficiles à se procurer. C'est du même coup la problématique même des thèses de Rousseau qui se trouve ainsi occultée.
Le but de cette présentation est de mettre en évidence cet arrière plan théorique et culturel sur lequel s'érige la pensée politique de Rousseau.
I – Les antécédents historiques de l'ouvrage
1 - Les limites de l'influence genevoise:
Le Contrat social paraît en 1762 après de longues années de maturation et de travail. L'ouvrage - sous titré Principes du droit politique - constitue en fait la partie d'un tout aujourd'hui perdu, sans doute jamais achevé par son auteur, et qui devait s'appeler Institutions Politiques.
C'est en se penchant sur les institutions de la Cité de Venise où il résidait en 1744 comme secrétaire d'ambassade, que Rousseau reconnaît avoir