« Le dernier homme » : horizon de l’humanité moderne ?
2073 mots
9 pages
Dans son ouvrage De la démocratie en Amérique, Tocqueville faisait déjà apparaître l’avènement dans les démocraties d’un homme dont l’intérêt principal est la satisfaction de ses plaisirs : « […] je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leurs âmes » ( chap VI, livre 2). Et alors qu’aujourd’hui l’individualisme est un aspect central de nos sociétés libérales, démocratiques et dites de consommation et que les taux de participation lors des élections sont en baisse, il est bon de se demander si l’Homme est devenu ou en train de devenir ce que Nietzsche a appelé dans son ouvrage Ainsi parlait Zarathoustra : un livre pour tous et pour personne « le dernier homme ». Sachant que la modernité se caractérise par la position centrale de l’individu dans la société et par conséquent par la liberté politique, économique et l’égalité, il convient de savoir si l’avènement d’un homme dont la fin est de satisfaire ses plaisirs est un caractère inéluctable de la civilisation moderne. En effet, si nous sommes en voie d’être le « dernier homme » voire si nous avons déjà atteint le caractère du « dernier homme », cela veut-il dire que le régime libéral et démocratique représente l’aboutissement de notre civilisation dans lequel l’homme est entièrement satisfait ? Afin de répondre à cette question, nous verrons que l’homme moderne répond en apparence aux critères du « dernier homme » de Nietzsche par sa recherche du plaisir et du moindre mal. Ensuite, nous étudierons que le régime libéral démocratique vu alors comme l’aboutissement de notre civilisation contient en réalité des contradictions internes ne pouvant satisfaire l’homme moderne et éviter ainsi l’avènement du « dernier homme».Et finalement, l’avènement du dernier homme se réalisera d’autant moins que l’Homme a en lui-même les moyens de se surpasser.
Tout d’abord, l’homme moderne semble être le «