Le drame romantique
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Les écrivains romantiques veulent renouveler complètement le genre dramatique, d'où une floraison d'écrits théoriques. Se réclamant des auteurs allemands et de Shakespeare (qu'ils admirent pour sa liberté de ton et sa diversité de tons), ils sont en quête d'un théâtre vivant, accordé à la sensibilité de leur temps et attaché à la vérité des caractères, du langage et des situations.
Cette volonté réaliste leur fait rejeter les règles classiques; seule reste l'unité d'action qui donne une cohésion d'ensemble. Ils prônent le mélange des genres, langue noble et ton familier, prose ou textes en vers, sublime et grotesque "qui se croisent dans le drame, comme ils se croisent dans la vie et dans la création" (Victor Hugo). Les notions de pudeur et de bienséance sont abandonnées au profit d'un souci d'exactitude psychologique et d'affirmation de l'individu. Les sujets sont historiques, permettant des allusions politiques contemporaines, la recréation d'un univers et la peinture d'une crise sociale où peuvent s'exacerber les passions. Ce théâtre total jouant sur l'émotion du spectateur est dominé par l'idée de liberté et de fatalité et veut refléter "tout ce qui existe dans le monde, dans l'histoire, dans la vie, dans l'homme" (Hugo). Il a aussi une visée didactique : "Le théâtre est une tribune, le théâtre est une chaire [...] le drame a une mission nationale, une mission sociale, une mission humaine" (Hugo).
Malgré un succès relatif (mais spectaculaire), le drame romantique est un échec. Trop livresque, il utilise les acteurs du mélodrame et emprunte à ce genre ses conventions (intrigues rocambolesques, escaliers dérobés, déguisements, etc.), ce qui introduit la confusion chez les spectateurs qui confondent deux genres aux visées différentes. Enfin, l'Histoire n'est qu'un décor, "un clou où le tableau est accroché", reconnaît Alexandre Dumas. Les réussites du drame romantique tiennent surtout à la poétique du style et la peinture de destinées