Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) Les préoccupations politiques de Rousseau sont fort anciennes. Il les fait remonter dans Les Confessions à son séjour à l’ambassade de France à Venise en 1783 où il occupait un poste de secrétaire. Il a pu étudier le fonctionnement de la république de Venise et le comparer à celui de sa ville natale, Genève, une république également. A Venise, Rousseau se serait aperçu que « tout tenait radicalement à la politique » (Les Confessions, livre IX, Pléiade, t. I) : un peuple « ne sera jamais que ce que la nature de son gouvernement le ferait être » (Les Confessions, livre IX, Pléiade, t. I). Pour changer les hommes, il faudrait donc changer les gouvernements. Ainsi, on peut s’interroger sur la manière dont ils doivent être organisés. On peut se demander quelles sont la notion et la finalité du droit pour Rousseau, comment le droit doit s’opérer, s’exercer dans la société. Le droit est l’ensemble des principes qui régissent les rapports des hommes entre eux, et qui servent à établir des règles juridiques. Par extension, le droit englobe également les institutions politiques et leur organisation. Nous verrons alors dans un premier temps quelles sont les bases et la finalité du droit Rousseau. Nous étudierons ensuite comment il s’organise dans la société. Les bases et la finalité du droit Le pacte social et le peuple Le pacte social est un « acte d’association », il « produit un corps moral et collectif composé d’autant de membres que l’assemblée a de voix, lequel reçoit de ce même acte son unité, son moi commun, sa vie et sa volonté » (Du contrat social, livre I, chap. 6). Cela signifie que c’est l’acte par lequel un peuple devient un peuple. Avant toute chose, les hommes vivaient dans un état de nature, c’est-à-dire qu’ils jouissaient d’une liberté naturelle, une liberté « qui n’a pour bornes que les forces de l’individu » (Emile, I). Selon Rousseau, la liberté est un droit inaliénable, c’est un droit