Le désir
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I/ INTRODUCTION. Le verbe “désirer” vient du latin « desiderare ». « Sidus », « sideris » : l’astre. « Considerarer », c’est contempler l’astre. « Desiderare » c’est regretter son absence. L’étymologie nous indique déjà au mois deux présupposés (deux préjugés ?) : 1° l’objet du désir est merveilleux (brillant, illusoire ?) 2° il est absent : le désir est manque
Or, nous vivons à travers une continuelle projection dans nos désirs, dans le sens où nous sommes sans cesse jetés à la poursuite de leur satisfaction, mais quels sont ces objets que nous poursuivons ? Ne faut-il pas distinguer entre LE désir (la faculté de désirer) et LES désirs (les objets du désir)? Et quel sens et quelle valeur faut-il accorder au désir ?
I/ Les obscurs objets du désir. Trivialement, nous pourrions nous entendre répondre que l’on désire ce dont on a besoin et c’est tout ! Dire que le besoin est l’objet du désir est en effet une réponse assez commode, mais est-elle vraiment pertinente ? 1) Ambiguité du besoin.
On distingue habituellement 2 sortes de besoins :
- Les uns seraient innés (naturels et nécessaires), d'ordre physiologique, leur mode de satisfaction est commune à l'espèce et leur assouvissement est nécessaire à plus ou moins court terme au maintien de la vie. Le désir-besoin s’assouvirait dans la consommation de son objet. Par exemple, le besoin de manger entraîne la consommation d’un aliment, suivie d’un état de satisfaction. - Les autres besoins seraient culturels et contingents, c’est à dire crées par la société, on les assimile alors à des désirs : une chose est d’avoir besoin de boire, une autre est de désirer de l’eau, du jus d’orange, ou un vin luxueux pour étancher cette soif. Il y aurait donc de vrais besoins (ceux qu’il suffirait de satisfaire pour être heureux) et ceux qui nous engagent dans la surenchère du désir.
Mais une telle distinction entre besoins et désirs est ambigüe, pour plusieurs raisons : • D’abord, à quelle faculté