Ne désire-t-on que ce dont on manque ?
Introduction :
Étymologiquement le mot « désir » provient du latin desiderare signifiant « regretter l’absence de quelqu’un ou de quelque chose ». Desiderare dérive, avec le verbe considerare qui signifie « constellation d’étoiles ». Ces deux verbes appartiennent à la lange des prêtres de l’Antiquité chargés de lire les présages, les augures, inspirés par l’observation du ciel étoilé. Considerare, c’est contempler le ciel étoilé, alors que desiderare, c’est regretter son absence. C’est pourquoi l’expérience de désir est à première vue une expérience négative, une source de souffrance : c’est la perte d’un astre qu’on admirait et qui était source de plaisir. Le désir est-il seulement un manque ? Ne désire-t-on que ce dont on manque ? On commencera par étudier la thèse selon laquelle on désire ce dont on manque avec la distinction entre désir et besoin et le désir selon Schopenhauer et Platon. Ensuite, nous poursuivrons par désirer ce dont on ne manque pas, a
I- Thèse : on désire ce dont on manque.
a) Amalgame entre désir et besoin.
Le désir se distingue du besoin. Le désir est une disposition particulière qui incline quelqu’un à avoir tel type de comportement, devenu conscient de son objet : je prends conscience que j’ai faim et mon désir va se rapporter vers un objet précis, telle ou telle nourriture.
Généralement, on oppose le besoin et le désir. Le besoin serait un manque dont la satisfaction est nécessaire à la vie, alors que le désir est contingent, c’est-à-dire qu’on pourrait ne pas le satisfaire. On a besoin du nécessaire, on désire le superflu : manger et boire sont des besoins tandis que le bonheur et le plaisir sont des désirs.
D’autre part, l’absence de satisfaction d’un besoin induit une insuffisance. L’insatisfaction d’un désir entraîne une frustration, plus ou moins justifiée. Le besoin serait naturel, d’origine physique, le désir serait artificiel, d’origine psychique. Enfin, le besoin aurait un