Le memorialiste
Le mémorialiste est, d'après les dictionnaires, l'auteur de Mémoires. Pourtant, une telle définition semble occulter le travail d'historien qu'il engage, la touche personnelle qu'il donne à son image. Aussi, qu'est-ce qu'un mémorialiste ? C'est un statut particulier puisqu'il est la somme de plusieurs talents : autobiographe, historien. Surtout, le mémorialiste s'attache à rendre de lui une image particulière, tout en peignant son implication dans l'époque qui est sienne, et en se faisant son propre avocat : c'est une démarche purement personnelle.
I] L'ambiguïté du statut
Être mémorialiste, c'est être à la fois historien et autobiographe, tout en se focalisant sur sa propre image, et de soi, et du monde environnant.
a) Un autobiographe
Le mémorialiste raconte sa vie ou tout du moins une partie. En l'espèce, Le Salut met en avant une période délimitée, à savoir l'œuvre de De Gaulle d'août 1944 à janvier 1946. A l'instar de tout autobiographe, il rédige son œuvre à la première personne du singulier. Cette première personne est l'union du narrateur, de l'auteur et du personnage. Ainsi, le mémorialiste plonge son lecteur dans son propre passé. De toute façon, on ne peut concevoir un mémorialiste du présent ou du futur. C'est un récit rétrospectif qui est dressé.
b) Un historien
Cependant, le mémorialiste se distingue de l'autobiographe en ce qu'il se veut être le témoin de son époque, d'autant plus s'il est un des personnages clés de ce temps, à l'image du Général de Gaulle. Alors, le mémorialiste, tout en parlant de lui, témoigne de son temps, des évènements vécus qu'il a peut-être même influencés. En effet, tous les mémoires abordent des pages de l'histoire plus ou moins importantes. En l'espèce, Le Salut reprend les derniers instants de la guerre, les grands moments d'avant la capitulation allemande. Le mémorialiste se distingue donc de l'autobiographe, sans pourtant s'y opposer : pour preuve, dans les Confessions de Rousseau,