Le moment le plus propice à l’accueille de l'enfant
Arnaud Régnier-Loilier Anne Solaz
Institut national d’études démographiques.
Mots clés : Planification des naissances – Désir d’enfants – Fécondité.
Le contexte de la fécondité s’est profondément modifié au cours du siècle dernier, passant d’un régime de fécondité sous contraintes à un régime de fécondité choisie. La contraception moderne et le libre recours à l’avortement ont participé à une raréfaction des naissances non désirées ou mal programmées. Une conséquence de cette évolution, dont sont retracées les grandes lignes dans cet article, est l’existence aujourd’hui d’une norme de l’enfant désiré et programmé. Les couples pouvant désormais choisir le « bon moment », ils se fixent un certain nombre de conditions préalables avant d’avoir un enfant. Situations professionnelle, matérielle, affective, indépendance résidentielle ou encore sentiment de sécurité en l’avenir sont autant de facteurs qui influencent de manière assez similaire les intentions de fécondité des hommes et des femmes. À ce contexte individuel et conjugal s’ajoute le poids des normes sociales. La pression à concevoir semble plus forte en France que dans la plupart des pays européens.
rationalisation des comportements féconds, laquelle s’est traduite par un report de l’entrée en parentalité et une diminution de la descendance finale. Malgré une évolution analogue à ses voisins européens, la France occupe une place singulière. En effet, les femmes ont certes leur premier enfant plus tard qu’autrefois – l’âge moyen à la première maternité est passé de 24 ans en 1975 à 27,8 ans en 2006 –, mais plus tôt que dans la plupart des pays européens (Prioux et Mazuy, 2009). En outre, l’indice conjoncturel de fécondité est resté relativement stable – autour de deux enfants par femme – tandis qu’il décline fortement ailleurs (1). Les conditions d’articulation entre vie familiale et vie professionnelle pour les femmes y sont plus