Le personnage romanesque
Un aspect de cette évolution nous frappe d'emblée: la lente déconstruction, voire destruction de la figure du héros romanesque. Ainsi, le coup de foudre de la princesse de Clèves et du duc de Nemours est-il brillamment orchestré par Mme de La Fayette, qui ne ménage aucun procédé pour donner à ses personnages les traits de la splendeurs: en effet, l'insistance sur l'admiration réciproque que se portent les deux personnages à travers un vocabulaire systématiquement mélioratif et l'effet de surprise, de stupeur, de stupéfaction qui saisit les deux personnages construit un double portrait, comme en miroir, où la noblesse d'âme se lit dans la beauté des traits. Le texte de Stendhal lui aussi, nous présente le personnage de Julien à travers l'étonnement de Mme de Rénal, surprise de la beauté singulière du jeune précepteur: mais il y a dans ce portrait quelque chose de moins lisse, de moins plein que dans le texte précédent; les qualités de Julien sont moins celle d'un héros flamboyant qui impressionne, mais celles d'un enfant, presque « une jeune fille déguisée », donc dépourvu des attributs « virils », du charisme d'un personnage comme le duc de Nemours. Le personnage de Charles Swann lui, apparaît d'emblée comme particulièrement tortueux: son portrait semble pénétrer les rouages de la psychologie, faisant l'aveu de préoccupations bien peu « chevaleresques »: en effet, celui-ci se voit préoccupé, inquiet même de son apparence, du qu'en dira-t-on, sorte de figure inversée du duc de Nemours, dont justement l'apparence reflétait la noblesse d'âme. Enfin le rapport qui lie les personnages dans la Jalousie de Robbe-Grillet semble détruire la figure traditionnelle du héros: nos personnages forment une sorte d'étrange ménage à trois dans lequel un mari observe par le détail, rongé par la jalousie, un homme séduire sa femme.
Cette déconstruction du personnage passe par une inflation du psychologique sur le physique: en effet, l'on peut encore trouver