Le théâtre
Quand on dit pouvoir, on pense en priorité au pouvoir politique, et nombreuses sont les pièces de théâtre, de l’Antiquité à aujourd’hui, qui mettent en scène des rois, des empereurs ou des dictateurs. Pourtant le pouvoir s’exerce partout ailleurs dans les institutions, comme l’Eglise, l’Armée, l’Ecole, la Justice, l’Entreprise et même la Famille ! Ce pouvoir quand il est accepté par tous, car confié par délégation ou détenu par un individu intègre, est légitime et ne donne lieu à aucune contestation. Ainsi le roi du Cid de Corneille joue-t-il les arbitres bienveillants dans la querelle de cœur et d’honneur qui oppose Chimène à Rodrigue et recueille-t-il la considération de ses sujets. De même, le roi qui est cité dans Tartuffe de Molière fait preuve d’indulgence envers Orgon malgré la complicité de ce dernier avec un frondeur et le souverain contribue à démasquer le cupide et hypocrite Tartuffe. « Je veux me faire craindre et ne fais qu’irriter » constate Auguste dans Cinna de Corneille et, renonçant à sa cruauté et à sa tyrannie, il finit par pardonner aux conjurés qui voulaient l’assassiner et fait preuve d’une clémence qu’on pressent durable désormais. Les figures de l’autorité parentale juste, du bon maître d’école, de l’homme de loi intègre et même du militaire méritant sont également représentées. Pensons à Jeanne d’Arc dans L’Alouette d’Anouilh, au Cid de Corneille pour les personnages de guerre, à Topaze de Pagnol en instituteur méritant et naïf qui deviendra homme d’affaire avisé dans un monde corrompu, au père sévère mais sensible de Diderot dans Le père de famille ou à Don Luis le père bafoué de Dom Juan. Si les exemples abondent, on remarque toutefois que ces détenteurs de l’autorité juste sont très rarement de grandes figures. C’est sans doute que, lorsque les rôles sont bien remplis, ils ne donnent pas lieu à une histoire passionnante