Le travail n'a t-il que des aspects asservissants?
Métro, boulot, caveau, ce slogan brandi lors des dernières manifestations contre l’allongement de la durée légale du travail, rappelle que le travail demeure pour bien des salariés une activité vécue comme une contrainte voire, dans les cas les plus extrêmes, comme une forme d’esclavage moderne. En effet, l’homme est contraint de travailler pour satisfaire ses besoins les plus élémentaires: se nourrir, se loger, se vêtir. En ce sens, le travail est incontestablement asservissant puisque sans le produit de son travail, l’être humain ne peut disposer des biens nécessaires à sa survie. Cette vision négative, qui trouve son origine dans l’Antiquité et la religion chrétienne, s’oppose cependant à celle qui conçoit le travail comme une action intelligente de l’homme pour dominer la nature et le moyen d’affirmer sa spécificité en prenant conscience de sa propre valeur. Nous sommes donc face à un paradoxe: le travail serait-il cette activité asservissante qui permet néanmoins à l’homme de se réaliser, de devenir un être social et de le faire entrer de plain-pied dans le monde?
Le travail est d’abord une nécessité en ce sens qu’il permet à l’homme d’acquérir les moyens de sa survie. Contrairement aux animaux, il ne peut subvenir à ses besoins sans cela. Aussi, l’être humain doit-il vendre sa force de travail en échange d’un salaire qui lui permet d’acquérir ses moyens de subsistance. En travaillant, il perd néanmoins sa liberté car il est contraint de se soumettre à des règles: se rendre dans un lieu imposé -bureau ou usine-, respecter des horaires fixes, se plier à des hiérarchies et accepter des ordres. Pour obtenir les moyens de sa survie, l’homme perd encore son énergie, sa disponibilité et parfois même, pour les travaux les plus pénibles, sa santé. Le travail est alors vécu comme une routine déshumanisante, une nécessité douloureuse, une peine qui permet à beaucoup de penser qu’ils sont obligés de