Le positivisme juridique : Kelsen et l'héritage kantien
Alexandre Viala
Dans Revue interdisciplinaire d'études juridiquesRevue interdisciplinaire d'études juridiques 2011/2 (Volume 67)2011/2 (Volume 67), pages 95 à 117
Éditions Université Saint-Louis - BruxellesUniversité Saint-Louis - Bruxelles
ISSN 0770-2310
DOI 10.3917/riej.067.0095
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Mais sensible aux limites de la raison, le positivisme kelsénien ne le restera peut-être que sur la question des valeurs. La nuance que nous voudrions faire observer consiste à relativiser l’ampleur de ce relativisme kelsénien et, chemin faisant, la pureté du positivisme du maître, en insistant dans une seconde partie sur la part évidente de cognitivisme que renferme le normativisme. Voilà une représentation du droit qui prête à la norme, à l’instar de ce que Platon imputait aux
Idées, une essence et une identité ontologique qui ne réside, bien évidemment, que sans sa structure formelle. Il y aurait, par-delà la relativité des valeurs dont il est la traduction formelle, une forme universelle du droit. En prétendant connaître l’identité formelle …afficher plus de contenu…
A. La thèse kelsénienne de la relativité du droit contre le sociologisme juridique
La théorie pure du droit est d’abord une réponse énergique au positivisme sociologique. L'influence de la sociologie dans le domaine des sciences humaines a laissé se répandre, dans la science juridique au début du XXe siècle, la thèse de l’assimilation du droit au fait social. Ce réductionnisme a alimenté le rêve insensé d’un droit qui se forgerait dans le laboratoire du sociologue érigé ainsi au rang d’entrepreneur législatif au mépris de la distinction kantienne entre raison pure et raison pratique. Parmi les auteurs marquants de cette période, règne bien sûr Léon Duguit lequel, sous l'influence assumée
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