Les champs d'une politique de la liberté, réflexions à partir d'amartya sen
"Malgré le fait que les économies socialistes, et notamment les économies dirigées par des partis communistes dans différentes régions du monde, ont été criblées de problèmes économiques et sociaux (et soumises à une forte oppression), les buts et les objectifs qui ont attiré les gens vers le socialisme restent tout aussi pertinents qu'ils l'étaient il y a un demi-siècle." (A. Sen, L'économie est une science morale, p. 91 (1ère publication 1996)).
Claude Didry
Les analyses d'Amartya Sen sont un levier pour sortir du débat habituel sur les politiques économiques, entre politique de l'offre et politique de la demande, avec leurs deux versants, politique budgétaire d'une part, politique monétaire d'autre part. Mais de manière plus globale, la critique de l'"économicisme politique" que développe Amarty Sen ne doit-elle nous conduire à repenser l'articulation entre les sciences sociales et les politiques publiques ? Quelle place revient alors au droit dans ce nouveau paysage ? La notion de "capabilité", par sa dimension complexe, nous invite à remettre en cause d'une part l'hypothèse d'une rationalité individuelle unifiant l'activité individuelle sous une formule unique de calcul et la construction bourdieusienne de l'habitus comme assemblage de capitaux. Elle implique également de sortir de la vision réductrice d'un Etat gestionnaire, dont l'action se cantonnerait à la redistribution de ressources se ramenant en dernière instance à des ressources monétaires. Certes, nous y perdons la passion d'un débat, le débat entre keynésiens et libéraux, mais nous y trouvons les fondements d'une action publique visant à un progrès permanent de l'humanité dans la liberté. En tant que déploiement de l'activité individuelle dans la pluralité infinie des "modes de fonctionnement", la capabilité se rapporte à une action publique tout aussi