Les contes et l'énonciation des vérités
Le conte charme le lecteur parce qu’il dépayse et le projette dans un univers de fantaisie. Le cadre spatio-temporel est le premier élément qui contribue à cette atmosphère merveilleuse. Le conte se place en effet dans une temporalité autre que l’histoire. Le traditionnel « il était une fois » qui ouvre le conte renvoie le lecteur à un temps qui n’a jamais existé, qui n’ai jamais été souillé par le massacre de la Saint-Barthélemy, l’Holocauste, les ravages de la peste ou de la famine, un temps qu’il ne connaît que par les contes. Cette traditionnelle formule d’ouverture est une porte vers un ailleurs merveilleux. L’intrigue se déroule dans un lieu extraordinaire. Ainsi les énumérations de termes au pluriel et les hyperboles s’accumulent pour décrire le luxe dans lequel vit la femme de la Barbe Bleue »les chambres, les cabinets, les gardes robes toutes plus belles et plus richesses uns que les autres ». Candide, héros d’un conte philosophique de Voltaire, au cours d’un long périple, se rend en Eldorado, ville dont la beauté est incomparable Tout les sens en effet sont séduis : la vue »les édifices publics élevés jusqu’aux nues »,le gout »les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de canne à sucre », l’odorat « une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle », le toucher « sofa matelassé de plumes de colibri », l’ouïe « mille musiciens ». Comment résister au charme de ces palais qui ne sont faits que de pierres précieuses, de ces châteaux ou règne l’abondance ? Les personnages qui