Les contraintes formelles du genre poétique sont elles un obstacle à une expression mibre et originale ?
I - a) Les poèmes à forme fixes vont parfois jusqu’à épuiser le genre.
Le sonnet est une forme fixe inventée par Pétrarque et reprise au XVI par les poètes de l’école Lyonnaise et de la Pléiade. Ces derniers ont fixé l’âge d’or de ce genre et ont perfectionné ses règles, notamment au niveau des rimes.
b) Les contraintes formelles peuvent dénaturer la beauté du vers.
Le sonnet est considéré à juste titre comme le plus difficile des poèmes à forme fixe. Le sonnet est composé de deux quatrains et de deux tercets en alexandrins, il respecte les rimes ABBA/ ABBA/ CCD/ EED. Le dernier vers constitue une chute : le poète doit créer un effet de surprise. Cette forme fixe est donc particulièrement ardue à respecter pour le poète, qui doit jouer sur les mots. Mais elle ferme aussi la liberté d’expression du poète, qui sans pouvoir exprimer librement ses sentiments doit les adapter à sa forme particulière
c) Les contraintes formelles dénaturent donc les émotions des poètes.
Dans son ode, "L’Amour piqué par une abeille", le thème du petit Amour, semble pretexter un exercice de style, plus qu'un poème sérieux. Les rimes en [ette] donnent un statut ridicule à l’angelot. Ronsard semble prôner « L’Art pour l’Art », devise reprise par le Parnasse au XIXème siècle.
II- Les contraintes rigoureuses semblent brimer l’expression des poètes mais ils sont en vérité source d’un travail sur le langage poétique.
a) L’utilisation des formes fixes relève d’un défi de soi.
Se confronter à tant de difficultés exacerbe la plume de l’auteur qui a envie de s’engager plus loin dans la recherche de la mélodie propre au poème. Ainsi, Baudelaire travaille la rythmique de ses vers dans « Harmonie du soir » :
« Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige ! »
L’écrivain insuffle un mouvement fluide au poème.