Les fables de la fontaine "une ample comédie aux cent actes divers, / et dont la scène est l'univers "
Ce sont les Fables publiées à partir de 1668 et écrites en référence à l'inspirateur grec Esope qui marquent le mieux le talent inventif de La Fontaine. Sous prétexte de mettre ces histoires « sues de tout le monde » en vers, il renouvelle le genre en les égayants. On doit aussi à ce poète des poésies, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra. La Fontaine est multiple et semble côtoyer tous les genres, il fait alors de sa carrière un travail de diversité. Il fige cette diversité que le caractérise et en fait une description de ses fables dans un vers du Bucheron et Mercure (Livre V, fable 1): « C'est une ample Comédie aux cent actes divers, / Et dont la scène est l'Univers ». Comment comprendre alors que les fables de la Fontaine soient une comédie, c'est-à-dire une construction théâtrale, une feinte destinée à être représentée mais qu'elles soient en même temps le juste reflet de l'univers dans toute sa diversité? Pour y répondre, nous verrons dans un premier temps que les fables sont effectivement une comédie, une mise en scène de fiction pour plaire à la cour, mais qu'en deuxième temps, les fables sont aussi le reflet juste et véritable de la société et du monde dans sa diversité et qu'en troisième temps, les fables sont une « ample comédie » qui dépeint fidèlement la réalité à travers le prisme du poète grâce à une écriture plaisante faite pour instruire.
Si La Fontaine parle d'une "ample comédie" en qualifiant ses fables c'est que de nombreuses fables peuvent s'apparenter à des pièces de théâtre, à des comédies. Le mot comédie vient du latin comoedia et possède le sens général de « pièce de théâtre ». La fable qui est l'"expression d'une vérité sous le voile de quelque fiction" (dictionnaire de l'Académie Française) a en commun avec la pièce de théâtre la "feinte" (du latin fictio). Beaucoup de fables de La Fontaine s'apparentent à des