Les liaisons dangereuses une oeuvre libertine
" J’ai bien besoin d’avoir cette femme [la Présidente de Tourvel], pour me sauver du ridicule d’en être amoureux. ", lettre 4, du Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.
Le libertinage est un courant de pensée qui naît en France au XVIIème siècle, s'épanouit durant tout le XVIIIe siècle, et se signale par une revendication de liberté prise par rapport aux mœurs et à la religion. La première moitié du XVIIème voit se développer le libertinage dit " érudit ", qui critique essentiellement le pouvoir de la religion. Les libertins de cette époque sont des savants, des érudits, des philosophes, tels que Gassendi, Naudé et Cyrano de Bergerac. Au siècle suivant, les philosophes des Lumières reprennent à leur compte l’héritage du libertinage érudit, tandis que se développe parallèlement un libertinage des mœurs. Valmont et Merteuil sont des libertins, aux mœurs légères, ils séduisent, perdent leurs victimes, avec adresse et sans remord. La séduction passe par la réflexion, la conquête se fait militaire ou guerrière. Mais la guerre des sexes détermine deux modes de combat : Valmont est un séducteur redoutable, il recherche les coups d’éclat pour les faire connaître, et chaque séduction nouvelle ajoute à son " mérite ". Selon les mots de Mme de Merteuil : " Combattant sans risque, vous devez agir sans précaution. Pour vous autres hommes, les défaites ne sont que des succès de moins. " (lettre 81) Mme de Merteuil, au contraire, parce que femme, doit manœuvrer dans l’ombre. Elle déclare la guerre aux hommes dans la lettre 81 : " née pour venger mon sexe et maîtriser le vôtre, j’a[i] su me créer des moyens inconnus jusqu’à moi. " C’est grâce à un immense travail sur elle-même qu’elle devient une femme de tête, réussissant à conserver son indépendance, ses amants et son inattaquable réputation. En choisissant de mettre au centre des Liaisons dangereuses deux libertins, Laclos inscrit bien son œuvre dans la tradition du libertinage de mœurs, représenté