Les obstacles à la connaissance scientifique du social
2.1 La familiarité avec le monde social
Dans toutes les sciences les chercheurs ont dû rompre avec les idées qui leur étaient familières et qui, de fait, obscurcissaient leur réflexion (Astronomie : idée d’une terre au centre de l’univers ; Biologie : idée de la maladie en tant qu’effet de l’action exercée par des forces surnaturelles) Désormais, le corps de connaissance de ces sciences est bien établi de sorte qu’elles sont beaucoup plus armées qu’elles ne l’étaient à leurs débuts pour écarter les croyances populaires. La vie au laboratoire est beaucoup plus coupée de la vie sociale ordinaire : on y travaille sur des objets scientifiques qui ont peu à voir avec les idées de sens commun qui circulent au quotidien dans les groupes de non-spécialistes, d’autant que ceux-ci se sentent moins autorisés pour développer un discours sur les phénomènes qui sont au fondement de la reproduction de la vie chez l’espèce humaine.
Le sociologue qui travaille sur le sport ne bénéficie pas d’une telle séparation. Il rencontre sans cesse son objet dans la vie quotidienne en raison de la grande couverture médiatique dont il fait l’objet et de son caractère de divertissement populaire. Les rapports entre la science à laquelle il se consacre dans le cadre de sa fonction professionnelle et la vie quotidienne se caractérisent donc par une plus grande porosité. La difficulté à laquelle le chercheur en science sociale doit faire face tient donc au fait qu’il n’est jamais séparé du monde qu’il étudie. C’est cet enracinement dans le monde social qui le rend perméable aux idées, aux croyances, aux doctrines que véhiculent les discours de sens commun. Il a ainsi plus de mal à mettre à distance ces idées toutes faites qui lui sont familières et à questionner ce que les autres considèrent comme allant de soi au sujet du sport.
2.2 L’illusion de la transparence
On succombe à l’illusion de la transparence du social toutes les fois