Les sociétés peuvent-elles et doivent-elles être organisées sur le même modèle ?
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Dans l’Antiquité, au IV e siècle avant J-C, Alexandre le Grand rêve d’une démocratie cosmopolite. Seulement, la mise en place de cette démocratie passe par l’exportation de la culture hellénistique (qu’il considère comme supérieure) dans les territoires qu’il conquière. Il transforme donc un particularisme culturel en une culture universelle. De plus, cette démocratie n’est pas fondée autour d’institutions suprêmes mais autour de sa propre personne. Son empire s’effondre alors à sa mort. C’est pourquoi la République romaine par la suite, refusera de diviniser ses empereurs de leur vivant et encouragera le culte patriotique dans un souci de pérennité du régime. Elle préférera aussi intégrer les diversités culturelles des peuples conquis à sa patrie dans ce même souci. Il s’avère donc qu’une société a pour composantes une culture et des institutions, qui lui permettent d’assurer son unité. Ces deux empires sont parvenus à organiser sous un même modèle d’innombrables diversités sociales, mais leurs divergences sont révélatrices : si la République romaine a perduré pendant plusieurs siècles contrairement à l’Empire d’Alexandre le Conquérant, c’est parce qu’elle a su accepter les différences culturelles de chaque population tout en assurant une unité patriotique, notamment à travers des institutions stables et définies. Elle aura pour cela marqué l’histoire, assuré une coalition multiculturelle telle au sein d’un même empire et pendant une telle période n’est-ce pas étonnant ? Un règne de cette forme ne serait pas acceptable aujourd’hui en vue du principe d’« Etat-Nation » établi par l’ONU au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. Mais le phénomène d’expansion du modèle libéral et « scientiste » à une échelle presque planétaire depuis la fin de la Guerre Froide, notamment à travers l’impérialisme américain et la mondialisation, pose aujourd’hui la question d’une coalition mondiale à venir. Seulement les contestations sont fortes, l’acculturation est pointée du doigt,