Les usines
Auteur belge d'expression française, Emile Verhaeren, influencé par les courants naturaliste puis symboliste, se consacre très jeune à la poésie lyrique, avant de découvrir qu'il peut exister une poésie dans le monde moderne qui est en train de naître à son époque, avec la révolution industrielle. Il célèbre ce monde dans une trilogie célèbre : Les Campagnes hallucinées (1893), Les Villages illusoires (1895) et Les Villes tentaculaires (1895). Dans ce dernier recueil, Verhaeren évoque le développement urbain et la beauté de l'univers industriel, beauté qui n'apparaît guère cependant dans « Les Usines », long poème de 104 vers dont nous n'étudierons que les 32 premiers. Comment Verhaeren retranscrit-il la modernité de la ville dans son poème ? Nous verrons d'abord qu'il dresse un véritable tableau des banlieues industrielles de la fin du XIXème siècle, puis l'atmosphère sombre et déprimante qu'il y fait régner. Nous constaterons que cette description permet à l'auteur de se livrer à une dénonciation de la condition ouvrière de son époque.
Le poème « les Usines » constitue un portrait réaliste d'une cité industrielle à la fin du XIXème siècle.
Il s'agit en effet d'un texte essentiellement descriptif qui ne contient que peu de verbes d'action, mais une abondance de phrases nominales. C'est le cas dans la strophe 2 où aucun verbe n'est exprimé, tandis que dans les deux dernières strophes, les verbes n'apparaissent que dans les propositions subordonnées relatives ( « où s'ouvre » v.20, « d'où luit » v.26, « qui [...] rayonnent » v.28 et « dont les larges langues lappent » v.31 ) Tout se passe comme si Verhaeren faisait surgir les éléments du décor devant nos yeux. D'autre part, l'élément important est souvent nommé en fin de proposition voire en fin de strophe, comme « les cheminées » au vers 13 et « les usines et les fabriques » au vers 17, créant un effet de surprise. Enfin, les différentes parties