Lettres persanes lettre 29 (extrait)
Introduction:
I – Le dispositif de narration et ses effets. 1 - le dispositif de narration et ses marques. - il s'agit d'une lettre, comme l'indique dès le départ l'en-tête (« Rica à Ibben, à Smyrne ») , puis les adresses au lecteur (« tu sauras », l.15, « aussi puis-je t'assurer », l.32). Chaque paragraphe, en particulier au début, est informatif, voire définitoire (« Le Pape est le chef des chrétiens », l.1, etc...). Nous sommes d'entrée de jeu mis dans le contexte: un observateur décrit une réalité à un destinataire, en Perse. - cet observateur est lui même Persan, et étranger au contexte européen et chrétien. Il emploie des termes empruntés au monde musulman (« Rhamazan »l.21, « dervis », l.28) ou bien des périphrases (« de petits grains de bois » pour le chapelet, l.49, « deux morceaux de drap attachés à deux rubans » pour le scapulaire l.50-51) pour désigner ce dont il ne connaît pas le nom, il met en italiques (« Saint Pierre », l.7, « hérétiques », l.36, etc.) les mots qu'il découvre, dont il est curieux et dont il veut rendre son lecteur curieux. Un observateur étranger décrit par lettre une réalité qu'il découvre naïvement: tel est le dispositif de narration du texte. Quels vont en être les effets?
2 - un effet plaisant. Le discours de Rica fait sourire le lecteur. Rica est forcé à la maladresse dans ses descriptions (emploi des périphrases), à des incompréhensions (il confond succession spirituelle et matérielle aux lignes 6 à 9), ou à des hypothèses approximatives (l.15-25, il met le manque de rigueur spirituelle des chrétiens sur le compte d'une décision collective; l.35-43 il réduit hérésie et orthodoxie à un jeu d'accusation arbitraire). Le lecteur est également surpris du caractère crédible de ces hypothèses, et de la facilité avec laquelle on peut décrire le christianisme avec des termes inappropriés ou naïfs. Ce texte plaisant nous mène à un