Linguistique contrastive selon debyser
LA LINGUISTIQUE CONTRASTIVE ET LES INTERFERENCES
Parmi les espoirs placés par les professeurs de langues vivantes, et notamment de français langue étrangère dans le progrès de la description linguistique, l'une des attentes les plus vives a été, à partir des années 50, que l'on parvînt à établir des grammaires comparées d'un nouveau genre, afin de faciliter l'apprentissage de langues étrangères, et, d'une manière générale, le passage d'une langue à l'autre. C'est ainsi qu'est née, dans une perspective d'application, la linguistique contrastive dont les ambitions de départ étaient qu'une comparaison « terme à terme, rigoureuse et systématique 2 » de deux langues et surtout de leurs différences structurales était possible et devait permettre de réaliser des méthodes mieuxadaptées aux difficultés spécifiques que rencontre, dans l'étude d'unelangue étrangère, une population scolaire d'une langue maternelle donnée.
Une série d'ouvrages et d'articles publiés aux États-Unis entre 1945 et 1965, où l'on Tetrouve constamment les noms de Ch. C. Fries, R. Lado 3, R. L. Politzer, Ch. A. Ferguson, R. P. Stockwell et J. B. Carrol, témoigne de l'enthousiasme que suscitèrent les premières études contrastives qui semblaient apporter des solutions nouvelles à ce que l'on considérait alors comme « un des principaux obstacles à l'apprentissage d'une langue étrangère, l'interférence causée par la différence de structures entre la langue maternelle de l'élève et la langue étrangère 4 ».
1. Appelée parfois « différentielle », notamment par J. P. Vinay, ch. « Enseignement et apprentissage d'une langue seconde », in Le langage, Encyclopédie delà Pléiade, 1968.
2. W. G. Morlton, The sounds of English and German. Contrastive Structure Series, University of Chicago Press, 1962.
3. Lado, Linguistics accross Cultures, University of Michigan Press, 1957.
4. Ch. Ferguson, Introduction générale à la série d'études contrastives réalisée par le Center for