Littérature
LE TITRE: Il impose immédiatement 2 thèmes : le temps et le jeu. Mais les suggestions et ambivalences sont nombreuses : si la « fin » désigne le point d’arrêt d’un phénomène dans le temps, elle peut être à la fois le terme et le but. Quant à la « partie », le mot venant du verbe « partager », elle suppose l’idée d’un rapport entre plusieurs personnes, ou actants*, établi plus spécifiquement autour d’un divertissement, ou d’un combat ou d’une lutte.
On peut imaginer que cette « fin de partie » renvoie à la fin de vie dans laquelle sont englués les personnages, à la fin d’un monde – ainsi que le suggère le décor, ou encore à la fin d’un jeu : la vie serait-elle finalement un jeu ? Beckett était lui-même un passionné du jeu d’échecs. Ou bien faut-il entendre ainsi le jeu de forces – dominant / dominé ou bourreau / victime – entre Hamm et Clov, et plus largement entre tous les personnages de la pièce ? Le thème du jeu ne renvoie-t-il pas non plus au jeu théâtral lui-même : à quelle comédie se livrent les personnages ?
Comment, d’autre part, comprendre la structure de la pièce à partir de son titre, puisque la première réplique de Clov reprend ce thème de la fin et en fait l’emblème de l’action : « Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. » (p. 13). Ce titre se retrouve d’ailleurs dans les dernières lignes de la pièce :
« Vieille fin de partie perdue, finir de perdre » (p. 108), soupire avec lassitude Hamm dans son dernier soliloque. En dépit de l’absence apparente d’action, cette réplique incite à chercher quel est l’enjeu, qui perd, qui gagne, et ce qui est effectivement perdu et gagné.
Lors de la genèse de la pièce, le titre est la dernière chose que trouva Beckett : pendant longtemps, elle s’intitula « Hamm ». On peut donc aussi penser que cette « fin de partie » représente pour
Beckett lui-même la fin d’un processus d’écriture – peut-être la fin d’une évolution. Le rapport entre les romans écrits auparavant