l’activité de l’entrepreneur est trompeuse car elle dénote une situation relativement bien identifiée à laquelle il existe une solution et une seule, qu’il faut deviner. En fait l’entrepreneur n’essaie pas de résoudre un problème, comme un puzzle par exemple. Les questions auxquelles il s’intéresse sont en général non déterminées. Internet en 1991 n’est pas un problème à résoudre, mais un marché à construire à partir de rien, ou presque (Personne ne pense, en 1991, qu’Internet puisse être un marché). La résolution de problème, comme un puzzle, n’est donc pas une bonne métaphore pour représenter l’action de l’entrepreneur. D’une part parce que l’entrepreneur fonctionne avec ce qu’on appelle une ‘rationalité expansive’ (créativité), et d’autre part parce que cette rationalité repose sur une dynamique sociale. C’est ce que traduit le troisième principe de l’Effectuation, le patchwork fou. L’entrepreneuriat est un processus créatif. L’entrepreneur transforme une idée en un artefact social, une entreprise, un produit, un marché. Comme tout processus créatif, il ne consiste pas seulement à réassembler les pièces existantes d’un puzzle pour trouver la bonne solution. Au contraire, l’entrepreneur crée des pièces au fur et à mesure de sa démarche, et les assemble progressivement. Il n’a en général aucune idée de ce à quoi ressemblera l’assemblage final. Souvent il ne sait même pas qu’il est dans une telle démarche. Les fondateurs de U-Haul, par exemple, le principal loueur de camionnettes américain, ont commencé de manière informelle et se sont seulement rendus compte qu’ils avaient un projet entrepreneurial quelques moins après avoir démarré. Pour le chercheur français Armand Hatchuel, cela correspond à une activité basée sur ce qu’il appelle ‘une rationalité expansive’, c’est-à-dire génératrice de connaissances, et qui échappe donc à l’analogie de la résolution de problème. Hatchuel donne ainsi l’exemple d’un couple qui souhaite passer une soirée agréable. La