Une blonde à la voix rocailleuse, un quadra aux yeux de peluche, la fièvre japonaise. Ainsi commence Lost in translation, deux petits poissons perdus dans la marée étrangère. Bob doit tourner une pub pour whisky japonais. Charlotte est une jeune étudiante en philosophie, elle suit son mari photographe. Ils se retrouvent tout les deux dans un silencieux et luxueux hôtel d'affaires, seuls à attendre. Ils sont à une époque différente de leurs vie et n'ont rien en commun, si ce n'est qu'ils sont perdus. Le décalage horaire les empêche de dormir, les hôtels sont propices aux rencontres, c'est naturellement qu'ils se retrouvent dans leur détresse muette. Les deux personnages vont lier une sorte d'amitié, unie par leur incapacité à s'habituer à la ville moderne, à sa culture étrangère, ou tout simplement à la vie. Ils apprivoisent ensemble leurs incompréhensions et terminent leur escale dans une nuée de japonais, au milieu d'une rue, derrière un chuchotement. Lost in translation est un murmure, une pause glaçante, un voyage à travers l'ennui.
Le suspense est froid et cotonneux. Sofia Coppola nous enlise dans une mise en scène particulière. Elle semble écouler le temps à l'infini, les plans sont coupés par des ellipses, comme des flashs, des morceaux de vie. Charlotte observe la ville derrière une glace, la camera attrape cet instant de silence intense. Les plans de Tokyo sont filmés à l'épaule, dans une voiture, on les retrouve dans des transitions, ils rappellent le souvenir, le spectateur a l'impression de tenir la camera. Ils sont pris à la fuite, comme des bribes de mémoire. Des souvenirs rêveurs de vacances, pris lors d’ennui total en voiture, avec le numérique de papa. On teste la mise au point, La musique pop japonaise en fond, l'allure clip est assumé et rajoute à l'impression de rêve. Du flou, des spirales, Tokyo ou la ville de néon nous fait tourner la tête, dans une sale nostalgie.
Des ampoules crues la nuit ou du ciel terne le jour. Une luminosité plutôt