Marivaux
En 1737, Marivaux fait représenter pour la première fois une comédie intitulée Les fausses confidences .Le titre est programmatique : après un ballet tourbillonnant de faux semblants et de fausses déclarations, les personnages de cette pièce finissent par s’avouer leur amour et acceptent de s’engager dans les nœuds du mariage. Dans la scène 13 de l’acte 2 , Araminte met à l’épreuve son jeune intendant – dont elle sait qu’il aime, mais qui lui a rien révélé sur les conseils de Dubois- en lui faisant rédiger une fausse lettre d’amour au comte, également épris d’elle. L’écriture de la lettre est donc au cœur de ce dialogue qui multiplie fausses confidences et déceptions. Cet accessoire permet donc la mise en place d’un dispositif efficace, qui joue des illusions pour qu’éclate la vérité. Tout d’abord il conviendra de montrer comment Marivaux dote, en dramaturge habile, la lettre d’un rôle dramatique important, pour ensuite s’interroger sur la portée comique de la scène : derrière le masque des postures et des poses, n’est-ce pas la vérité du cœur qui cherche à éclater ? [1-Un dispositif scénique efficace]
Marivaux se montre dans la scène 13 de l’acte 2, roué et expérimenté dramaturge. Grâce au dispositif de la lettre, il parvient à construire une scène à l’efficacité dramaturgique indéniable. [a- La montée de la tension] Tout d’abord, la lettre joue un rôle essentiel dans la montée de la tension au fil de la scène. Elle accroît ainsi le suspens et l’attente du spectateur. En effet plus l’écriture de la lettre progresse, plus le spectateur attend que Dorante dévoile son amour. Les signes de malaise de Dorante ne cessent de multiplier et de s’intensifier au fil de la scène. C’est d’abord sa voix « d’un ton ému » qui le trahit,