L'enseignement supérieur en France, ses particularités et les enjeux de sa transformation

Il n'est pas anodin que le sujet soit une fois de plus revenu sur le devant de la scène médiatique le mois dernier, avec la polémique créée par le rejet de principe par la conférence des grandes écoles (CGE) de l'objectif affiché par le gouvernement de voir accueillir dans ces dernières au moins 30% d'élèves boursiers. Les tentatives de réforme de l'enseignement supérieur français, notamment celles touchant à l'université, ont toujours été et sont encore aujourd'hui le sujet de débats passionnés. De fait, elles sont aussi souvent sources de conflits caractérisés par leur dureté entre un gouvernement et une communauté universitaire qui semblent définitivement condamnés à s'opposer sur leur conception du rôle que tient l'université dans la République française. Au-delà, ce sont bien souvent des réponses multiples à des questions complexes mais fondamentales qui sont exprimées : quel rôle doit avoir l'enseignement supérieur en France ? Qui peut y avoir accès ? Sous quelles conditions ? A quel prix ? Rappelons d'abord dans les grandes lignes les principales caractéristiques du système d'enseignement supérieur français. Les étudiants français étaient environ 2 200 000 à la rentrée 2008. Ce chiffre est demeuré relativement stable ces dernières années, après avoir connu une augmentation exponentielle depuis les années 60-70. Cette généralisation (ou « démocratisation ») de l'accès des études supérieures, aussi appelée « démocratisation », est allée de pair avec la généralisation de l'obtention du diplôme du baccalauréat. On en vient à évoquer une des premières caractéristiques singulière du système français : c'est un des rares pays dans lequel l'obtention du diplôme sanctionnant la fin des études secondaires est une condition d'accès sine qua non aux études supérieures. L'obtention du baccalauréat est indispensable, donc, mais elle n'est pas dans la seule condition. En