Bien que cet extrait apparaisse dans un essai s’intitulant « De l’institution des enfants », Montaigne envisage un programme de formation qui concernerait d’abord le maître « Qu’il lui fasse ». Dès la première phrase l’ambiguïté est permise, notamment dans l’indécision quant au pronom personnel ‘lui’ dans « les principes d’Aristote ne lui soient principes ». Ce ‘lui’ ne se limite-t-il qu’à l’enfant ? Aux vues des du début de l’essai, cela serait bien restrictif. Ainsi Montaigne use ici de sa propre expérience en recommandant le préceptorat à la noblesse. L’institution, comme il la conçoit, cette éducation donnée, n’est pas de celles qui soient reçues en collège dont il garde un souvenir de cruauté et d’étroitesse d’esprit « une vraie geôle de jeunesse captive » . Elle ne passe pas par la force, il écrit à ce titre « Qu’il […] ne loge rien en sa tête par simple autorité et à crédit ». Il peut cependant être intéressant de noter que pour un essai qui n’a pas la prétention de donner de véritables préceptes de l’éducation il semble pourtant parfois bien didactique « qu’il sache, il qu’il emboive, il faut que, qu’il cèle», de plus Montaigne n’use pas moins de neuf subjonctifs, subjonctif qui par définition est une idée regardante sur le procès, jouant sur les propositions subordonnées et les phrases injonctives ici, en peu de lignes…
Ce qui compte d’abord pour Montaigne est la formation du jugement « Son institution, son travail et étude ne vise qu’à le former ». Ce socle de l’éducation est cité à deux reprises dans le texte et il est à noter un passage de la pluralité « jugements » à la singularité « Ainsi les pièces empruntées d’autrui, il les transformera et confondra, pour en faire un ouvrage tout sien, à savoir son jugement ». Ce jugement singulier semble ainsi se placer en tant que valeur morale, voire vertu, c’est l’entendement maître mot des Lumières qui lui succèderont au XVIIIème siècle avec la fameuse devise de Kant « Aie le courage de te