DISSERTATION Dans Variation sur une pensée Paul Valéry émet sur Les Pensées de Blaise Pascal une critique très négative dans laquelle il dénonce l’ « horrible mélange de méthode et de stratagèmes », sa manière de combiner sentiments et syllogismes et ses promesses et menaces successives. On peut alors se demander si Pascal, dans ses Pensées, mêle en effet sciemment raisonnements logiques et convictions personnelles dans un but de persuasion. Nous verrons dans une première partie comment Pascal use à la fois d’arguments scientifiques et théologiques pour convaincre son lecteur, dans une seconde partie en quoi ses observations sont justifiées puis dans une troisième partie la perception du lecteur.

Les Pensées sont formées d’un entrelacs inextricable de démonstrations scientifiques et théologiques. Ce recueil représente pour Pascal un aboutissement, une finalité atteinte dans l’art de l’argumentation et de la persuasion. Il y dévoile toute sa conviction et invite chaleureusement le lecteur à lui accorder confiance.
L’un des objectifs principaux de Pascal est de prouver la fragilité de l’homme, son incapacité à maîtriser et à comprendre complètement le monde qui l’entoure. Ainsi dans le fragment 80 décrit-il notre impossibilité de profiter du temps présent « nous le cachons à notre vue parce qu’il nous afflige ». L’homme selon lui est inapte réaliser et mesurer la dimension scientifique et spirituelle de l’infiniment grand et de l’infiniment petit (« c’est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part » fragment 230). Pascal à le désir de nous perdre dans le temps et l’espace et il y parvient par le biais de raisonnements douteux voir infondés, il complète ses lacunes scientifiques par ses croyances (« si notre vue s’arrête là, que notre imagination passe outre » fragment 230). Si l’homme est si faible il doit donc se trouver un protecteur à l’échelle de l’Univers incommensurable qui l’entoure (« nous n’enfantons que des atomes au